1 - NOUS ETIONS CHARLIE


Blouses Blanches

14 Janvier 2015

Il m'a fallu la semaine pour commencer à dégager les grandes lignes de ce qu'allait être ce long périple.

Je vais mourir. Peut-être. 

Mais, comme quand on part pour un long voyage, je vais franchir les étapes, une à une. En me concentrant sur celle à venir.

Continuer plus que jamais à aimer ce corps qui est le mien.

 

Les préparatifs, les visites, les papiers : le voyage, comme tout voyage, commence par ça.

 

Le 14 janvier, sept jours après l'alerte, je rencontre le chirurgien.

J'apprends que ce sont les gynécologues qui s'occupent des carcinomes. Cela est en accord avec le sens de ce parcours déjà initiatique.

 

Le Dr J. Neko est apaisant, calme, plutôt jeune et doux. Petite barbe arrondissant le visage.

Bon regard.

Pas de condescendance. 

Il lit les clichés, en tire les conclusions. Les mêmes auxquelles je suis arrivées de par mes petits recherches. Sans concessions. Il procède à une biopsie immédiate : c'est moi qui le demande. Nul besoin d'un patch anesthésiant qui reculerait d'autant l'examen. 

Je lui demande malgré tout si c'est douloureux, tout en me rendant compte immédiatement de l'idiotie de ma question : il ne peut pas le savoir. Nous en rions.

La vie en bleu ! ...Biopsie par aspiration - Micro-biopsie
La vie en bleu ! ...Biopsie par aspiration - Micro-biopsie

Nous parlons alors du vignoble de Cahors ! Il connaît bien le Château de Chambert et son propriétaire. Nous aussi. Tout en devisant sur la biodynamie et le bon vin, le Dr J. Neko pratiquera la biopsie. Micro-biopsie. Comme en aparté.

Rien à voir avec la douleur de la mammographie qui m'a d'ailleurs laissée deux gros hématomes.

 

Le sourire et la douceur de Dr J. Neko me sont d'un grand secours. Il a vaincu en une seconde mes appréhensions et ma peur du docteur. Je lui ai fait confiance et me suis laissé aller.

"Je ne vois rien là qui ne puisse être traité" ajoute-t-il à mon intention sans que je ne lui aie posé la question. 

La double négation m'ouvre la porte, et la fenêtre de l'optimisme : je respire de nouveau !

 

J'ai deux petits trous sur le côté du sein.


Feuille de route

 Une semaine plus tard il m'a encore reçue dans son cabinet, simple, moderne mais néanmoins non dépourvu de chaleur. Moi aussi je manie la double négation !

Il me scrute, devine que je sais ce qu'il va me dire. Ce sera plus facile pour lui : je vois qu'il en est soulagé. Difficile mission que d'annoncer tout de go, un cancer !

 

"Carcinome canalaire infiltrant" dit le compte rendu de la biopsie.

 

Les étapes médicales seront lourdes et longues... Carcinome du grec... Karkinos... Cancer, crabe, écrevisse ou scarabée chez les Egyptiens.

 

Localement avancé. Trop gros pour être opérable tel quel. Avec un risque de métastases important.

 

De la chimie pour commencer, afin de réduire la tumeur. 

Puis de la chirurgie, pour l'ôter.

Puis de la radiothérapie ensuite pour éradiquer toute suspicion.

  

Vous vous en doutiez demande-t-il doucement par-dessus ses lunettes. Sans me brusquer.

Que cette masse dure était un cancer, oui. 

Pas opérable, non.

 

Il faudra aussi des scanners et une scintigraphie osseuse afin de vérifier s'il y a ou non des métastases.

 

Et l'étape à venir sera la nécessaire pose d'une chambre implantée : Port-à-Cath© ou PAC (autre dénomination D.V.I. Dispositif Veineux Implanté), afin de rendre les injections de chimiothérapie plus "confortables" et surtout ne pas abîmer les veines par des injections sur le moyen et long terme.

Chose que j'avais pu observer, effarée, sur les bras de ma mère…

Port-à-cath© : réservoir d’accès vasculaire central, implanté sous la peau, pour l'injection de médicaments
Port-à-cath© : réservoir d’accès vasculaire central, implanté sous la peau, pour l'injection de médicaments

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