Ultime Péage

Remous & Accrochages

Le Père UBU refait surface !

Ma nuit fut difficile. J'ai rêvé de naufrage, d'accidents...

Vers le matin mon esprit et mon corps se sont un peu calmés et je me suis sentie mieux. Presque bien. Je suis restée là, sans bouger, dans un demi sommeil, profitant de ce répit et du calme de la maison.

 

Le Troll semble faire aussi la grasse matinée dans son studio à roulettes. J'entends seulement Lou vaquer à ses occupations matinales.

 

Vers dix heures néanmoins, j'entends frapper à notre porte. C'est lui. Il a déjà déjeuné apparemment, dans sa "maison" : il ne veut rien boire ni manger. 

Lou et lui discutent. Ils iront goûter et acheter du vin tout à l'heure, au Château de Chambert.

Je reste sous la couette profitant encore un peu de l'absence des douleurs que l'immobilité de la nuit et les anti-inflammatoires ont calmées.

 

Cet instant de sérénité sera de courte durée.

Le téléphone sonne !

Lou décroche, ne dit pas grand chose, semble étonné, et finalement m'apporte le combiné.

Qui est-ce ?

 

Aïe... c'est notre Ubu local, notre grenouille si satisfaite d'elle-même qu'elle pense pouvoir se faire aussi grosse qu'un bœuf... Bref, notre maire.

Que me veut-il ?

Prendre un rendez-vous avec moi car il doit me parler.  

Car "ça" ne peut plus durer !

Mais encore ? Je ne vois pas, en effet, à quoi ce "ça" fait allusion.

Devant mon incompréhension, pourtant non feinte, il s'énerve : il commence à élever la voix, qu'il a forte en temps normal déjà, et alors, se mettent à pleuvoir dans mon oreille les accusations les plus saugrenues !

Dans ce fatras incohérent je crois comprendre que, d'après lui, je cherche la polémique avec mon site de "balades, nature, histoire et patrimoine"  de la commune ! L'a-t-il seulement consulté et lu ?

 

Il semble s'imaginer que j'ai créé ces pages pour lui faire de l'ombre, à moins qu'il n'y voit une critique de sa "gestion communale", alors que c'était juste pour ne pas perdre plus de dix ans de travail, de recherches et de photos ? (Depuis, et à cause de cette intervention malvenue et stupide, j'ai rajouté un blog d'humeurs.... N.D.L.R) 

Mais avant que je ne puisse mettre les choses à plat et au clair, le voici qui se lance dans une nouvelle accusation : j'ai pris des photos de maisons que j'ai mises sur ce site, et les propriétaires se sont plaints... à lui !

Pourquoi à lui alors qu'ils avaient la possibilité de me contacter directement ?

Il va derechef déposer une main courante à la gendarmerie !

Il n'a donc rien d'autre à faire dans sa mairie que de concocter pareille sottise ? Je ne dis rien : je ne peux rien dire, impossible d'arrêter son flot de paroles et de griefs !

J'essaie de lui suggérer que prendre des photos de maisons depuis la voie publique est autorisé, mais il me coupe aussitôt la parole et se met à hurler que que j'irai expliquer ça aux juges !!!

Pas de problème. Gendarmes et juges vont rigoler...

 

Comme si cela ne suffisait pas, il enchaîne avec une interdiction formelle : celle de ne plus m'occuper des affaires municipales, d'autant, ajoute-t-il, qu'il m'avait offert d'être au conseil et que j'ai refusé...

En effet j'avais poliment repoussé son "offre" (avec un tel maire je ne risquais pas de m'y aventurer !).

Je ne comprends pas où il veut en venir car les "affaires municipales" sont loin, bien loin de mes occupations et préoccupations actuelles même si je m'interroge en mon for intérieur, sur l'opportunité de restaurer à grands frais, sachant notre commune désargentée, les extérieurs du "château-salle des fêtes", sans avoir obtenu la moindre subvention !

Nos impôts risquent fort d'augmenter...

Tel un taureau furieux, il continue à vociférer maintenant et je suis dans l'incapacité totale d'interrompre sa diatribe et sa logorrhée verbale !

Il m'accuse également d'avoir créé des polémiques avec tous les maires précédents et il m'intime l'ordre d'arrêter ça et de me calmer !

Décidément cette histoire de "polémique" vire à l'obsession ! 

Il hurle que je suis allée trop loin cette fois ! 

Mais de quoi parle-t-il donc ? Je n'en sais rien.

 

Dire que ce grossier personnage est notre premier élu...

Je suis atterrée.

 

Pour terminer, ayant dit-il autre chose à faire (et moi donc !), il m'informe qu'il va m'envoyer une lettre recommandée avec accusé de réception, et sur cette dernière menace, il me raccroche au nez.

 

Je n'en crois pas mes oreilles.

"C'est un fou" dis-je à haute voix, encore sous le coup de l'émotion. Je tremble, à la fois de colère et de stupéfaction.

Il est complètement fou ! 

 

Ce réveil tonitruant a duré vingt minutes.

Je n'ai plus qu'à me lever.

Avec prudence et difficulté, je me mets en devoir de me mettre d'abord assise puis debout. La douleur dans le dos pointe sa langue de feu, mais reste dans le domaine du supportable. Les muscles sont contractés et la cicatrice tiraille fort. Jusque dans le dos.

Doucement !

Enfin je suis sur mes pieds,  et je peux enfiler ma vaste veste polaire framboise qui ne me quitte guère en ce moment.

 

Mais trop c'est trop.  A peine arrivée au bas des escaliers, je m'effondre en pleur.

Lou est navré. Prêt à aller dire deux mots à ce triste sire.

Le Troll s'interroge et s'inquiète.

"Tu es très émotive" conclue-t-il.... Oui. Sœur Marie des Angoisses est aussi émotive ! 

Et même hyper sensible, surtout lorsque l'on m’agresse de la sorte sans raison et sans que je n'en perçoive le motif exact. 

 

Pendant que les garçons sont au Château de Chambert, je tente de rédiger quelques réponses bien senties, mais finalement cela vaut-il la peine ?

Néanmoins ce passage de mes sentiments révoltés et confus à une écriture raisonnée et modérée, me soulage. C'est déjà ça.

vendange Château Chambert 2015
Vendanges participatives au Château de Chambert
Alfred Jarry (1896).
Alfred Jarry (1896).

 

Cette triste réincarnation du "Père Ubu" trop imbu de ses prérogatives et de son petit pouvoir pour avoir l'intelligence de regarder plus loin que le bout de son... nombril, prendrait ça pour une polémique supplémentaire.

 

Jusqu'où va-t-il pousser le ridicule ?

 

Et si cet homme avait peur ? Cela expliquerait ces accès de colère et sa paranoïa galopante : cela commence à m'apparaître comme une évidence.

Agresser pour ne pas montrer que l'on a peur, ou que l'on n'est pas grand chose : un moyen de conserver ou d’acquérir un statut social quand on est incapable de faire autrement. Un basique.

Peur d'être critiqué, peur d'être remis en question, peur de se retrouver à court d'arguments, peur d'être mis en doute sur ces travaux ridicules de construction de trottoirs pour des piétons inexistants ?

Peur que ces décisions et sa piètre gestion ne soient contestées ?

Peur que sa "politique du copinage" soit révélée ?


Tout cela est possible et même probable. 


Bulles festives & accrochage !

 

J'ai mieux à faire que de m'occuper de lui et de ses fantasmes. Même si cela me gâche des heures précieuses.

Ma vie maintenant vaut bien mieux que ces tristes et mesquines pantalonnades.

Je ne répondrai donc rien et continuerai tranquillement à parler de cette commune qui est devenue la mienne et que j'aime, au travers de ma "Balade". Quitte à y ajouter plus tard quelques billets d'humeur...

  

Sur ces entrefaites, les garçons sont revenues et "notre" Troll nous invite au restaurant ! C'est la meilleure des choses pour oublier, ou du moins mettre de côté, la cuistrerie de l'autre goujat mal embouché.

Et lui qui connaît bien les caravanes, celles que l'on tracte mais aussi celles qui traversent les déserts au pas chaloupé des dromadaires, ajoute en souriant "les chiens aboient, la caravane passe."

Donc je passe. Impair et passe.

 

C'est sur le restaurant du Caillau que notre choix se porte. et une fois de plus c'est un bon choix !

Délicieux émincés de poulet tendres et moelleux, à la sauce thaïlandaise à la noix de coco et riz à la cardamome... Crumble de prunes du jardin avec une boule de crème glacée à la vanille... Et de la Leffe pression... pour les bulles festives !

Merci Le Troll !!! Ce repas et ces saveurs m'ont remis le cœur d'aplomb et l'esprit au beau fixe !

 

De retour chez nous je propose une petite balade... Mais Le Troll veut lever l'ancre : il a assez retardé son voyage en Espagne. Nous comprenons.

J'avoue aussi que mon accueil était un peu... comment dire... Minimaliste ? Et la mésaventure de la veille a un peu chamboulé mon humeur que cette dure convalescence met trop souvent sur le fil du rasoir.

 

Et puis il est inquiet, tout comme nous, car il faut maintenant sortir la caravane du guêpier dans lequel elle est fourrée !

 

Il faudra trois bons quart d'heure de manœuvres périlleuses et précises, et toute l'efficacité de Lou dans ce domaine, pour pouvoir enfin remettre sans casse, et au centimètre près, Le Troll et sa caravane du même nom, dans le fil du droit chemin !

Bye bye Le Troll Barbu, et à un jour meilleur peut-être !


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