"L'After"

Petit Peuple & Solstice

Une souris a fait grand remue-ménage ce matin : par on ne sait où, elle s'était introduite dans un tiroir sous l'évier et furetait parmi les papiers, les éponges et les chiffons...

 

 

Lou a mis un piège "cage"... Dès qu'elle s'y laissera prendre nous la sortirons de la maison.

 

 

Douchée et habillée, le petit-déjeuner pris en compagnie de Lou, je me laisse entraîner par l'appel de la colline et le soleil qui rentre à flot dans la maison : je pars sur le sentier qui en fait le tour.

Bonnet de laine et veste polaire, mais jambes nues...

 

La pluie est tombée dans la nuit et a mouillé l'herbe et les mousses. Mais au sud, sous les cayroux, la terre est déjà sèche, et la pluie n'a laissé en souvenir que ce parfum légèrement âcre de feuilles mouillées.

Les coups de vent de ces derniers jours ont fini de dépouiller les chênes. Seuls les "marcescents" arborent une tête couronnée de rouille et d'or lorsque les rayons du soleil s'inclinent et flamboient.

 

Sur le sentier, les diamants bruts que l'averse a laissés et qui gouttent sur les herbes laissent sur mes pieds et mollets leur picotement glacé et vivifiant.

 

Dans les fourrés des bruits furtifs, souffles, haleines de lutins, frottements d'écorce, bruissements d'ailes feutrées, que je devine plutôt que je ne perçois.

 

Je sais le Petit Peuple caché sous la futaie, camouflé en buisson de buis ou de genévrier, en touffe d'herbe folle, je devine ses empreintes dans les mousses des bois, sur les lichens d'argent, là où poussent les champignons, en cercles de sorcière, ou les tricholomes charbonniers et les pieds de mouton à la peau de chamois clair...

 

Je croise par deux fois la sente des blaireaux qui monte depuis leurs terriers, depuis la mi-pente exposée à l'Est, pour ressortir sous le pin "japonisant" à l'Ouest avant de s'enfoncer ensuite vers la source dite "Font Chaude" plus bas, dans la vallée.

 

Chemin faisant les chip chip des mésanges et rouges-gorges, me hèlent depuis le faite des grands chênes. Plus loin c'est une merlette brune qui s'échappe d'un buis et va se poser plus loin, dans un fourré.

 

Au loin des chiens de chasse vadrouillent et lancent leurs aboiements monocordes. 

Aucun avion ne strie le ciel qui est devenu d'un bleu parfaitement étale et uni.

 

Le soleil peine à soulever ses rondeurs au-dessus de l'horizon, et les ombres s'étirent tout au long de la journée.

 

Avant le thé, Lou et moi allons décrocher le linge étendu et déjà l'humidité du soir a plongé le fond de la vallée dans ses teintes violettes et bleutées. Sur le versant en face, une hulotte hulule doucement et l'air sent les feux de bois que l'on vient de rallumer et pousser dans les cheminées.

 

La journée est passée bien vite, entre un matin où la lumière tarde à apparaître et un soir où l'obscurité dépose rapidement son voile de suie froide sur le monde.

 

Car cette nuit sera la plus longue de l'année.

A très exactement 4 heures 47 minutes et 57 secondes de cette nuit du 22 décembre 2015, la fantastique mécanique céleste basculera : ce sera le solstice d'hiver.

"Yule" dans les pays du Nord.

Le moment exact où la déclinaison du soleil sera à son minimum.

Demain, les jours recommenceront à s'allonger !

 

De l'obscurité va renaître la lumière !

solstice d'hiver à Stonehenge
solstice d'hiver à Stonehenge

Notre Père Noël, apparu récemment, bonhomme rond et rouge dans sa houppelande comme un soleil d'hiver, est le descendant moderne des fêtes païennes du solstice.

 

Il descend d'un ciel magique et mythique, passant sa grosse figure lumineuse, par le portail symbolique de la cheminée, comme le soleil passe sa tête sous et entre les "portes" des mégalithes celtes.

 

Puis il dépose au pied de l'arbre de vie, celui qui ne perd pas ses feuilles pendant l'hiver, dans nos chaussures qui nous relient à la Terre mère, des cadeaux concrétisant la chaleur et la lumière de l'amour que l'on se porte les uns aux autres.

 

Et la promesse de cet amour et de la lumière renouvelée se reproduit tous les 365 jours !

Et en même temps que se produit le solstice et que le vieux bonhomme Noël arrive dans son traîneau, naît l'Enfant de l'Etoile de Bethléem, dans sa crèche, symbole lui aussi s'il en est, de la lumière qu'apporte la naissance dans la simplicité et le recueillement, de l'amour et du partage.

 

Ce petit enfant Jésus dont le pape Libère décida autour de l'an 354, que le jour de naissance, tomberait un 25 décembre pour effacer des mémoires anciennes les rituels païens romains du "sol invictus" (le soleil invaincu) et les remplacer par une fête liturgique... 

 

Cette image divine et pieuse, créée à partir des fêtes anciennes du solstice d'hiver en l'honneur du dieu Mythra, à la fin des Saturnales nous rappelle, si l'on veut bien y prêter l'attention qu'elle mérite, et en ce même temps, que nous sommes reliés au monde et aux cycles qui rythment la vie et la mort.

  

Peu importe en fait... Solstice et Noël....

C'est cette renaissance de la lumière qu'il faut retenir, cette lumière qui ressuscite chaleur et amour, et vient équilibrer le froid et le sommeil de la nuit.

 

La vie naît de la mort et la mort vient de la vie.

 

Car tout est cycle. Et nous faisons partie de ce cycle.

Que le solstice soit doux et joyeuse la nuit de Noël !


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