HOME SWEET HOME


A peine étions-nous revenus sur notre colline que le Fennec Rouge m'a agrippée et entraînée dans sa caverne.


Les hideux trolls "Nauseo" et "Vomito" se sont installés dans mon ventre.

 

Et j'ai sombré dans ce sommeil abrutissant et sans rêves, cramponnée à ma cuvette bleue comme ultime bouée de sauvetage pour ce troisième naufrage, uniquement réveillée par de brutales montées de nausées, dont certaines se sont concrétisées, malgré la lourde et puissante panoplie d'antiémétiques * déployés par la médecine hospitalière.

Le lundi 30 mars le Fennec Rouge relâcha enfin son emprise et me laissa au bord de la caverne.

Exsangue. Dévastée.

Je me suis mise debout. Un peu.

J'ai marché. Un peu.

J'ai tenté d'avaler quelques nourritures. Un peu.

 

Le mardi, dernier jour de ce mois de mars pluvieux et morose, je me crus tirée d'affaire et fis le tour de la colline presque joyeusement. Le soir je mangeai, presque normalement. Du poisson avec des pommes-de-terre. J'allais bien. Presque bien.

 

Mais dans la nuit le troll "enclume" et le troll "des tubes" se sont réveillés et ont pris possession de mon abdomen en le tordant et le gonflant dans tous les sens.

La nuit fut houleuse. je tanguais et roulais.

Au matin, je fis connaissance d'un nouveau venu : le troll "le boulet". Une douleur lancinante est venue s'incruster et tétaniser mon mollet. Quelque chose entre courbature et après-crampe. 

 

Le mercredi, 1er avril, épuisée, je dormis presque toute la journée et me nourris à peine.

 

Le jeudi, je relevai un peu la tête. Je fis même tourner une lessive !

A l'aube de ce jeudi 2 avril, au Kenya, un commando de shebab attaquait un campus universitaire faisant 148 morts... des étudiants... Crime contre l'éducation. Pouvoir de l'acculturation et du côté obscur.

 

Ce même jour, Lou a entendu chanter le coucou dans la soirée.


Couleurs

 Aujourd'hui, vendredi 3 avril, le temps est un peu plus clément et ma fatigue commence à s'estomper.

 

En revanche le troll "le boulet" continue à me mordre la jambe. Je pense qu'à force de marcher, un peu plus tous les jours, il me laissera tranquille. Les douleurs musculaires font partie de la longue liste des effets dits "indésirables". 

  

L'appétit n'est pas encore au rendez-vous, mais je ne rechigne pas à manger de ci de là, un bol de soupe de poireau-pommes-de-terre, du fenouil cru avec de la betterave rouge en salade avec du houmous sur une tartine, un petit steak tendre et goûteux, quelques jeunes pousses de laitue du jardin agrémentée de roquette, une pomme et un yaourt fermier rapportée du marché.

Il me reste encore du temps devant moi pour entrer et explorer ce mois d'avril.

La colline commence à frémir sous la poussée de la sève. 

 

Les fleurs de pissenlit plantent leurs petits soleils au bord du chemin et les "géraniums herbe à Robert" piquent leurs étoiles rose fuschia, dans les friches.

Pissenlit et géranium herbe à Robert
Pissenlit et géranium herbe à Robert
érable en bourgeon
érable en bourgeon

Dans les combes ou sur les versants lointains, les érables s’enveloppent de cette fine brume de bourgeons, vert anisé, presque jaune.

 

De place en place des prunelliers blanchissent et illuminent les "bartasses", ces massifs de broussailles qui marquent les lisières de notre grand pré.

 

Toute la journée les oiseaux n'ont plus su où donner de la tête et du gosier !

 

Nos trois petits pêchers de vigne sont tout roses et nos quelques maigrichons pruniers d'Ente sont couverts de gros pétales blancs couronnés de longues étamines ! 

 

Et la tulipe a ouvert une deuxième corolle !

 



 

J'en ai fini avec le territoire du Fennec Rouge.

 

C'était une terre aride, rouge, sèche et acide, faite de roches volcaniques aiguisées comme les canines de la bête.

 

Et si le jour il s'endormait parfois un peu, la nuit il trottait, furetait, tournait sur lui-même.

Ses yeux de braise s'allumaient et il jappait, glapissait, gémissait, couinait.

Hurlait à la lune aussi parfois...  

 

J'ai suivi ses traces, sa piste de renard pâle, sur ce sol stérile, fait de lave brûlante et de métal glacé, où restent encore gravées ses empreintes griffues.

 


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Notes

Les antiémétiques (anti-nauséeux et anti-vomitifs) "classiques" délivrés en association en milieu hospitalier pour la cure FEC 100 (hautement émétisant) sont les suivants : 

 

Outre le Lexomil® sensé débarrasser de toute angoisse et autre appréhension,

- Un corticoïde à effet court : prednisolone (Solupred®) en injection préparatoire associé à

- Un ondansétron (Zophren®). 

- Un aprépitant : (Emend ®) en kit de trois gélules pour trois jours. A prendre 1 heure avant la "cure" puis le lendemain ainsi que le surlendemain.

 

 

Egalement prescrit : le Zophren® en cachet ou en suppositoire pour les jours suivants.

Ainsi que du Primperan®