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Calvaire

Et non, ce n'est pas de "mon" calvaire que je vais parler ! Laissons-là un peu les trolls et autres fennecs... D'ailleurs ils me laissent un peu tranquille dans cette dernière semaine avant la nouvelle "cure" et je fais tout pour les oublier.

 

Ce qui n'est pas chose aisée car depuis que l'on sait mon "souci", on ne peut s'empêcher de me raconter les calvaires, des uns et des autres, les erreurs de diagnostic, les soins inappropriés, les traitements de plus en plus lourds, violents, barbares et inhumains, les galères hospitalières... et souvent la mort au bout du chemin... 

 

Quand ce ne sont pas des livres donnés ou prêtés, qui narrent des maladies incurables et cataclysmiques, des années d'hospitalisation dignes du Moyen-Age, le tout sans résultats, des espoirs déçus malgré des années de véritable supplice, et d'interminables prières !

 

A côté de ces martyrs, mes "bobos" font figure de pipi de sansonnet !

Mes trolls, ma fatigue, mes coups de blues, c'est de la rigolade au regard de ces souffrances terrifiantes dont on me cause.

On me raconte l'Enfer... quand j’évoque tout au plus un gentil petit purgatoire...

Heureusement, je sais mettre tout cela à distance convenable pour ne pas être trop affectée. 

 

Et dire que l'on me raconte tout cela - je pense - pour me donner du courage ! 

On me dit aussi beaucoup : "tu es une battante, une fonceuse, une guerrière !"

Non, je ne suis rien de tel ! 

Je ne me bats contre rien. 

C'est tout juste si je me débats, parfois, ne pouvant guère faire autrement ! 

 

On me parle aussi beaucoup de Dieu ou de Jésus, c'est selon... Ultime recours, ultime sauveur, sinon du corps du moins de l'âme, car ce cancer pourrait faire partie d'un plan plus "vaste" ?...

On me donne des médailles pieuses, des images ou des textes édifiants, sans savoir quelle est ma croyance, ou non croyance. Car je n'en parle pas. 

C'est amusant.

A petite dose néanmoins.


Le calvaire ici n'a rien à voir avec tout ça, c'est juste un joli chemin de croix, bordé de buis taillés, qui escalade le Pech (colline) des Fourques sur la commune de Castelfranc et dont le sommet est couronné par les trois grandes croix du Golgotha !

Le calvaire du Pech des Fourques à Castelfranc (Lot)
Le calvaire du Pech des Fourques à Castelfranc (Lot)

C'est une bien belle promenade, que nous faisons souvent au printemps, et dont je connais surtout la difficulté. Je n'ai donc pas voulu surestimer mes forces.

Lou a alors proposé de contourner la difficulté, et la colline ! Nous avons donc triché avec les stations du chemin de croix. De toute façon je crois que je n'aurais pas pu aller au-delà de la troisième, lorsque, selon la tradition populaire, Jésus tombe une première fois sous le poids de la croix.

Ma croix aurait été le poids de ma seule fatigue !

 

Nous sommes donc arrivés directement près du sommet... en voiture.

Ensuite il ne restait plus qu'un petit chemin "carretal" (de charrette) agréable, ombragé et plat pour arriver jusqu'au "calvaire".

Sur le chemin du calvaire, orchis bouffon et potentilles printannières (Potentilla tabernaemontani)
Sur le chemin du calvaire, orchis bouffon et potentilles printannières (Potentilla tabernaemontani)

A peine descendu de notre Kangoo presque tout terrain, Lou a commencé à fureter dans les broussailles et a découvert ce pourquoi nous sommes venus là : des asparagus-acutifolius, autrement dit des asperges sauvages !

asparagus-acutifolius
asparagus-acutifolius

Rapidement, Lou et moi en dénichons une bonne douzaine, puis les bords du chemin s’éclaircissent et les plans d'asparagus disparaissent. Ce n'est qu'en arrivant près du calvaire que leurs silhouettes à la fois graciles et touffues, d'un vert tendre mais néanmoins profond refont leur apparition.

Le soleil est haut. Très chaud. Trop déjà pour moi.

Lou entreprend une cueillette méthodique et a tôt fait de disparaître dans les fourrés. Il fera même fuir un chevreuil ainsi qu'il me le narrera par la suite.

Je fais le tour du calvaire. Des bouffées de chaleur me donnent un peu le vertige.

Je prends quelques photos puis je me pose au pied d'un chêne, à l'ombre, le dos contre le tronc, les yeux mi-clos...

Une mésange vient se percher au-dessus de moi et zinzinule à tue-tête. Je m'endors presque, bercée par une brise très douce, et légèrement parfumée par les fleurs miellées des buis.

La rivière Lot et le village de Castelfranc depuis le Calvaire
La rivière Lot et le village de Castelfranc depuis le Calvaire
Vue depuis le calvaire du Pech des Fourques
Vue depuis le calvaire du Pech des Fourques

Lorsque Lou me rejoint je dors presque...

Est-ce la subite chaleur ? Encore cette fatigue qui m'attrape et me met par terre par moment ?


La cueillette de Lou est bonne !

En passant à Puy-l’Évêque, nous faisons emplettes de six œufs. Ce soir nous ferons une "brouillade" avec les pointes tendres de ces petits bourgeons printaniers !... Et ferons un pipi âprement "parfumé" pendant au moins 24 heures !


Troglodytes

troglodyte mignon © Pierre Bannon
troglodyte mignon © Pierre Bannon

Depuis une semaine environ, un minuscule oiseau a trouvé refuge dans un de nos petits paniers suspendus sous le préau. Il y construit son nid où il invitera ensuite une femelle à nicher, pondre et couver ! C'est un "troglodyte mignon".

Petite boule ronde, gaie et pétulante, couleur de châtaigne avec un long bec très fin, et surtout une petite queue insolemment relevée. Le matin il vrille l'air de ses tit tit aigus et ses roulades ! 

Il nous observe. Et nous l'observons.


Depuis que le Fennec Rouge a relâché son emprise et que les trolls ne me mordent plus trop le ventre et les mollets, depuis qu'un beau temps de printemps s'est installé, Lou a envie de faire découvrir à des amis, les abris troglodytes de la falaise au-dessus du village de Duravel.

J'ai tergiversé : le chemin a quelques dénivelés chaotiques dus à des rochers tombés de la falaise qui me font craindre le pire. Je geins un peu "je ne vais pas y arriver, mon cœur va s'emballer..."  

Lou s'est montré patient. Mais n'a pas lâché son idée.


Finalement c'est dimanche 12 avril, en fin d'après-midi, quand la lumière se fait dorée, que la balade s'est décidée.

Du haut de la falaise... en bas, les cultures et la rivière Lot... Et en face, quelque part, notre colline !
Du haut de la falaise... en bas, les cultures et la rivière Lot... Et en face, quelque part, notre colline !

Je me suis étonnée moi-même ! 

 

La force de vie de ces figuiers tortueux accrochés à cette falaise, les traces visibles et prégnantes du passé gravées dans la roche que le soleil d'avril caressait doucement, les corneilles, buses et faucons qui volaient devant nous, portés par les courants ascendants, m'ont transportée loin du monde des malades !

Merci à toi mon Lou.


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