LE CHEMIN DES AIGUILLES

Marie, prenez vos pieds en main !

Il ne manque pas d'humour Monsieur Rocher... Yves (de son prénom), qui m'envoie comme presque tous les jours, un message promotionnel !

Ce matin le titre est on ne peut plus d’actualité : "Marie, prenez vos pieds en main" !

Mais mon bon monsieur Rocher, je ne fais que cela depuis deux semaines !


Je les prends en main ces chers petits petons, comme deux petits oiseaux blessés.

 

Je les tourne, les retourne, les masse longuement, les caresse, les oins, les badigeonne, les graisse, les enduis, les hydrate, les huile, les tartine, les baigne, les lave, les bassine, les trempe, les plonge... avec tendresse, avec amour !

C'est un travail à temps plein !

 

Jamais ils n'ont été aussi pris en main et dorlotés !

 

Ce sont mes deux petits bébés du moment....


Il y a 36 ans...

 

Il y a 36 ans de cela, en ce même 29ème jour du mois d'avril 1979, je me promenais dans la garrigue avec Lou.

Buissons de thym, romarin, cystes, et réglisse, juste au-dessus de Frontignan. Il faisait doux, bon et parfumé.

Nous étions tous les deux.

Et étions sur le point d'être trois ! 

 

De mon ventre devenu trop petit, notre fille n'allait plus tarder à s'extirper. Je n'avais pas passé d'échographie, cela ne se faisait en ce temps-là, que si l'on prévoyait un risque, et pour nous tout était tranquille, mais nous avions l’intuition de l'arrivée imminente d'une fille.

Pourquoi ?

Aucune idée.

Je lui ai dit, cet après-midi là, qu'elle fallait qu'elle vienne nous rejoindre car le printemps était en fleur !

 

Et elle est née le lendemain à  5 h 35 du matin, dans une petite et ancienne maternité de Montpellier, qui ressemblait plus à une de ces maisons de maître en centre ville, bourgeoise et cossue du XIXe, qu'à une clinique.... Elle s'appelait (et s'appelle encore !... même en ayant déménagé, même si elle a failli plusieurs fois fermer ses portes... ne rapportant pas assez d'argent...) la "Maternité des Lilas" et la façade était couverte de grosses grappes bourdonnantes... de glycine bleu parme. 

Nous l'avions choisie car on y pratiquait des naissances dites "sans violence" selon la "méthode" de Fréderick Leboyer.

Le jour se levait à peine lorsque les derniers efforts livrèrent passage à notre petite grenouille !

Lou la reçut dans ses mains. Semi obscurité et calme serein.

Tout en douceur.

 

Attention, je ne dis pas que je n'ai rien senti ! Je ne dis pas que ce fut sans douleur ! Ni même rapide.

 

Pas de péridurale non plus dans ces années-là (trop "dangereuses" encore, mal maîtrisées les péridurales).

Mais, étonnamment, et heureusement, notre psychisme humain a tôt fait d'oublier les souffrances physiques, surtout si elles sont compensées par une joie intense ou un événement marquant. Ou les deux, comme ce fut le cas !

30 avril 1979
30 avril 1979


Lou déposa notre bébé sur mon ventre, son premier berceau.

Les vagues qui l'avaient secoué s'apaisèrent sous le poids de notre fille. Un poids de chaleur et de vie. Nous étions tous les trois ensemble, et nous deux en cocon protecteur autour d'elle.

 

Les sage-femmes s'étaient ... sagement... effacées pour nous laisser ce moment rien que pour nous. Puis Lou l'a baignée , tout doux tout tiède, puis a coupé le cordon qui  la reliait encore à moi. 

 

Et nous sommes repartis jusqu'à la chambre, en marchant, moi, portant notre enfant. Lou nous entourant de ses bras.

 

Dans 2 jours, le 2 mai notre Fleur viendra nous rejoindre pour quelques jours sur notre colline verte !


Écrire commentaire

Commentaires: 0