ÉTÉ BRÛLANT


Dès le lendemain de mon retour à la maison, la température est montée d'un cran.

Et le ballet des infirmières a commencé.

Avertie le soir de mon échappée belle, la première de ces dames est arrivée le lendemain en début de soirée.

Puis, tous les matins pendant deux semaines, j'ai attendu leur visite, et leur piqûre. Et les prises de sang hebdomadaires.

 

Dès le 30 juin, le thermomètre a atteint des degrés caniculaires.

Si ma température est demeurée stable, en revanche, à l'extérieur le mercure s'est affolé.

38°, puis 39° et même 40° sous notre auvent, à l'ombre.

 

Les alertes à la canicule se sont succédées.

 

Nous nous somme terrés à l'intérieur de notre petite maison, comme deux lièvres au gîte. Mais la nuit ne faisait pas baisser la température !

 

Lou a vite déménagé : il est allé dormir au sous-sol, qui fut au siècle dernier une cave.

Quant à moi j'ai continué à aller dormir dans la roulotte, dans laquelle j'ai suspendu à un crochet un tout petit et très léger ventilateur de plafond mobile. 

Il est sympa... mon ventilateur nomade !
Il est sympa... mon ventilateur nomade !

J'étais, et suis encore, tellement fatiguée, que malgré la touffeur parfois lourde et moite des nuits de cette fin juin et de ce début juillet, je ne tarde pas à m'endormir rapidement.

Sommeil sans rêves. Ni cauchemars. Presque d'une seule traite.

 

Au milieu de mes nuits, un léger rafraîchissement de l'air m'éveille.

Sans presque ouvrir les yeux, je rabats alors prestement le drap sur moi et me rendors.

 

Après le drap, à l'aube, c'est la couverture qui suit et depuis peu, au point de rosée, c'est même la couette qui vient m'offrir sa tiédeur douillette de cocon et dans laquelle je me pelotonne, comme un chaton !

 

Mes infirmières n'avaient pas d'heure précise. Elles arrivaient tantôt à 9 heures, tantôt à 13 heures. Impossible de prévoir. Pendant deux semaines, j'avais dû régler mon téléphone en mode "alarme", et tous les matins à 9 heures le flux et reflux de vagues océanes sur fond de mélodie douce venaient me réveiller.

Sur ces entrefaites, Lou venait ensuite déposer sur ma joue ou mon front, son "bisou-bonjour" du matin. 

 

Depuis le 10 juillet je peux enfin dormir tout mon soûl ! Plus de mélodie, plus de flux et reflux marins.

La valse des soins est terminée.

Jusqu'à la prochaine fois.

 

Mais hélas on nous prévoit le retour des 40° dès ce jeudi 16 juillet : le jour où je dois aller à mon premier rendez-vous de "prise de contact" pour la radiothérapie à venir.

 

Mardi 7 juillet, pendant que j'étais à ma première séance de kinésithérapie, la première de la série mais aussi la première de toute ma vie, Lou recevait un coup de fil de l'hôpital : c'est finalement à Agen que j'irai recevoir les rayons !

Notre requête a été acceptée.

Nous n'aurons donc que, si je puis dire, deux heures de trajet au lieu de trois et des poussières.

Vendredi cette information nous a été confirmée par deux lettres.

Une de l'hôpital de Cahors, l'autre de la clinique Calabet à Agen.

Rahan le fils des âges farouches
Rahan le fils des âges farouches

 

Le Centre de Radiothérapie et d'Oncologie de Moyenne Garonne situé dans cette clinique a un acronyme parfaitement improbable et qui m'amuse : tout droit venu du fin fond des âges farouches !

 

Il s’appelle le CROMG

Entre le cri de guerre et le beuglement inarticulé... 

 

"CROMG !" Ce qui pourrait vouloir dire dans la langue du héros de la BD fiction Rahan, le fils des Âges Farouches (scénarisé par Roger Lecureux et dessiné par André Chéret...)  "Viens donc par ici sale monstre que je t'écrabouille !" 

 

Mais revenons plus prosaïquement à notre CROMG. Malgré l'image d'un accueil frais, attrayant et carrément "zen" du site internet... (qui ne correspond pas vraiment à la réalité) c'est une irradiation et des brûlures qui m'attendent...

 

Je vais me retrouver dans le collimateur d'un accélérateur linéaire de particules (photons et électrons) ! Rien que ça !

Dans la bouche du terrible Elekta  (le Clinax IX étant réservé aux cancers de la prostate)

L'accélérateur linéaire de particules ELEKTA
L'accélérateur linéaire de particules ELEKTA
l’accélérateur de particules : Clinac IX...(réservé aux cancers de la prostate)
l’accélérateur de particules : Clinac IX...(réservé aux cancers de la prostate)

Mais, comme toujours, avant de démarrer les choses "sérieuses", il faut se préparer.

J'aurais sans doute au moins deux rendez-vous afin de franchir les étapes dites préliminaires :  

  1. Consultation avec l’oncologue-radiothérapeute, médecin spécialisé en radiothérapie, le docteur L. Ektra ; c’est elle qui programmera le traitement, décidera du nombre de séances et de la zone à traiter, et me surveillera durant le traitement (j'espère !)
  2. Scanner dit de "repérage" : c’est l’étape clé du traitement (pour eux !). Il s’agit d’un scanner qui va permettre de repérer la zone à traiter. Une fois ce scanner effectué, je rentre chez moi, merci et à plus tard. Adèle Blanc Sec se chargera de déterminer avec précision la zone post opératoire à traiter (on parle de radiothérapie conformationnelle ou radiothérapie 3D).
  3. Étape de vérification : une fois la cible repérée avec précision, les radio-physiciens (physiciens médicaux spécialisés dans les rayonnements ionisants) vont, avec le médecin, établir "mon" plan de traitement. Celui-ci sera vérifié sous machine : je vais être installée en position correcte sur la table de traitement et des marques seront dessinées sur la zone à traiter (le "centrage"). 

 

Une fois les vérifications effectuées, les séances de radiothérapie peuvent commencer, à raison d’une séance par jour de qunze minutes environ, tous les jours sauf les week-ends et jours fériés.

 Le CROMG utilise la technologie IMRT (Intensity Modulated Radiation Therapy) soit en Français RCMI (Radiothérapie Conformationnelle avec Modulation d'Intensité) pour traiter ses patients. Cette technique relativement récente de Radiothérapie permet de traiter au plus près la tumeur, tout en épargnant au maximum les organes se trouvant à proximité, limitant ainsi les risques d’effets secondaires et de complications.

 

Qu'ils disent...

 

Le principe de la radiothérapie est des plus simples (!!) : il s'agit d'exposer les cellules cancéreuses à une ionisation, c'est à dire une émission de radiations qui va altérer la composition de l'information génétique des cellules cancéreuses.

Ce matériel génétique contenu sous la forme d'ADN subit sous ce rayonnement, des transformations qui rendront la cellule incapable de se reproduire.

Cette "stérilisation" réduit ainsi la reproduction anarchique de ces cellules malignes, responsables du cancer. (sources http://ifips.radiotherapie.free.fr/traitement.html)


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